"La rencontre" (livre de Charles Pépin) au coeur de la Gestalt thérapie
"La vraie vie est rencontre" Martin Buber
La rencontre est au cœur de l’aventure de notre existence, elle nous révèle à nous-mêmes et nous ouvre au monde.
J’ai besoin de rencontrer l’autre (ce qui n’est pas moi, sa différence) pour me rencontrer et devenir moi.
Je tiens à remercier Charles Pépin, pour ce livre si riche d’humanité et de potentialités.
Dans les 2 1ers chapitres de son livre « La rencontre » il souligne :
Que nous ne maîtrisons par tout : une rencontre est un choc, un trouble qui nous porte vers l’autre – qui nous étonne- et vers une partie de nous-mêmes – qui nous échappe, comme en écho. C’est comme si nous vivions 2 rencontres simultanées : celle de l’altérité de l’autre et de l’altérité en nous – qui est peut-être plus soi que celui que nous croyons être.
« Il faut s’établir à l’extérieur de soi, au bord des larmes et dans l’orbite des famines, si nous voulons que quelque chose hors du commun se produise, qui n’était que nous » René Char – Parole en archipel.
Que c’est un sentiment d’évidence, de reconnaissance, où l’inconnu semble si familier, qui nous indique que la rencontre est en cours. A la fois comme un inattendu et un attendu. Quelque chose que nous savions de nous, que nous avions « oublié », se re-révèleI
Le cycle de contact (Gestalt thérapie) : s'apparaître à l'occasion d'un autre
En Gestalt-thérapie on parle de contact, qui est le mouvement de soi vers l’autre. La « rencontre » dans le sens qui lui est donné dans le livre éponyme de Charles Pépin, parle de cela : elle offre une opportunité de se décentrer, de changer notre rapport au monde,
car au centre de ce monde, quand nous rencontrons l’autre, il n’y a plus « soi » mais « soi plus l’autre ».
La Gestalt thérapie cherche à ouvrir à cette possibilité de se décentrer. De se détacher de son « ego » pour accepter un monde différent. Qui en fait est aussi notre monde…
La rencontre permet de voir le monde à partir de nos « belles différences », elle permet à chacun de progresser, de s’ouvrir au monde de l’autre sans renier le sien, mais en l’approfondissant. Il s’agit bien, dans la rencontre de cet autre, de s’ouvrir à soi.
Ce processus est décrit en Gestalt thérapie, par le cycle de contact : contacter c’est entrer dans une danse mettant en jeu deux personnes, deux individualités à priori séparées, en contact avec un environnement (l’autre, le monde) et offre la possibilité de « s’apparaître à l’occasion d’un autre » (JM Robine)
Pour aller plus loin la Gestalt thérapie n’isole pas individu et environnement : un être humain est toujours comme une combinaison de ces 2 pôles, parfois plus centré sur « l’intériorité » et parfois plus sur « l’extériorité », ainsi il est en permanence susceptible d’évoluer au gré des rencontres… (voir l’article « ma Gestalt thérapie »)
Une singularité est un pont tendu vers une autre singularité, sans aller vers ce qui n’est « pas soi » impossible de savoir qui l’on est.
Cet élan s’origine en soi, suscité par un élan, un désir, puis s’énergétise pour soutenir l’élan d’aller vers un hors de soi, et la possibilité de rencontrer l’autre. Rencontrer l’autre c’est rencontrer un être unique, différencié, qui ne se fond pas dans le « nous ».
« L’amour, comme l’amitié, sont un temple où nos différences ont droit de cité, où elles sont honorées, explorées et aimées. Comme un émerveillement chaque jour renouvelé devant l’énigme de l’autre. »
Elle s’achève – en tant que cycle de vie, pas en tant que lien réel – par l’assimilation : lorsque nous changeons au contact de l’autre, nous comprenons combien nous avons besoin de lui pour nous ouvrir à d’autres dimensions de nous-mêmes.
La thérapie avec un Gestalt-thérapeute :
Ce qui permet la rencontre patient- thérapeute c’est d’abord le patient. Il est porté par un élan vers un autre qui pourra l’aider, le soutenir… il est déjà prêt à accepter de partager son monde afin de changer quelque chose. Et il est prêt à exposer sa singularité.
Le Gestalt-thérapeute lui offre une présence, une connexion, une possibilité d’être relié. Pour cela il crée un environnement avec certaines caractéristiques :
Une saine curiosité : la curiosité, et le désir, ne prend par l’autre comme objet mais englobe tout le paysage enveloppé dans cet autre, tout son univers, ce qui est relié à lui, agencé autour de lui. Et cette curiosité dure : le mystère d’un être ne se dissipe pas en quelques jours. La curiosité est l’élan de l’être vers un champ inconnu.
La confiance : pour les deux personnes qui se rencontrent, l’essentiel n’est plus ce que je vais pouvoir réaliser mais ce que nous allons pouvoir réaliser. En Gestalt thérapie on parle de l’ici et maintenant tourné vers le next, vers la nouveauté. Être un « nous » donne la sécurité d’aller vers l’inconnu, la découverte.
Enfin une connexion : le Gestalt thérapeute est, tout autant que le patient, engagé dans une rencontre qui porte en elle le potentiel de changer les deux êtres qui se rencontrent.