Corps et psychothérapie ou ce que notre corps dit de nous...

Toute organisation corporelle est une oeuvre d'art que la personne a mis toute sa vie à structurer.

Le corps est le fond de toute opération de contact, de création de lien. Le plus petit mouvement corporel contribue à soutenir la croissance. Toute organisation corporelle est une œuvre d’art, que la personne a mis toute sa vie à structurer (tout comme l’organisation émotionnelle, cognitive et imaginaire).

A l’origine, cette organisation corporelle est toujours un ajustement créateur, c’est à dire visant à créer le lien : pour maintenir le lien le bébé se régule sur sa mère.

Le mouvement 1er est d’aller vers, si le parent refuse, par exemple, l’enfant va activer des forces contraires au mouvement d’aller vers : psychiquement il « rétrofléchit » (retour sur soi du mouvement supposé aller vers l’autre) et corporellement, ou musculairement, il se retient : alors, les muscles qui ont le plus travaillé créent, chez l’adulte, une posture, sa « structure corporelle ».

Le corps que je suis organise ma présence :
notre expression corporelle parle de notre façon d'être au monde.
Le patient en psychothérapie a parfois oublié son histoire, il la "narre" par sa façon d'agir son corps.

Selon Sami Ali (théorie relationnelle de la psychosomatique), dès notre naissance, nous abordons les difficultés de la rencontre avec le monde. Et pour tenter d’exister nous avons 3 pôles :

  • De la relation
  • Du corps
  • De l’imaginaire

Quand on ne peut utiliser les 3 pôles, un d’eux peut se charger seul de l’expression.

Si c’est le corps on parle de somatisation, et s’il manque la possibilité de faire autrement, il y a surcharge sur le corps.

On peut aussi parler de désappropriation : la personne n’est pas consciente qu’elle est responsable de ce qui se passe dans « ce » corps. Elle n’est pas consciente que c’est « son » corps.

corps et lâcher prise
Le lâcher prise, posture de l’abandon du corps en confiance.

Comme si c’était un corps que la personne possède et non qu’elle est.

Corps et psychothérapie : les 6 postures de base

La sensation d’exister se construit sur les mouvements de mise en relation.

En thérapie nous explorons ce qui cherche à se dire via le corps, la posture… Le thérapeute aide le patient à prendre conscience de la façon dont il s’autorise à s’abandonner, à s’appuyer sur autrui, ou encore à laisser s’achever une relation…

Il y a 6 postures tout au long de la vie (ce sont des sensations corporelles fondamentales qui restent toute la vie et avec lesquelles on naît)

 

  • S’abandonner à : il faut un support, un portage, physique et affectif, dans l’environnement, une sécurité. Le poids du corps est très sollicité : signe de confiance, de sécurité, de soi dans la confiance
  • S’appuyer sur : là il y a besoin corps et soutien en psychothérapiede résistance à la poussée dans l’environnement qui est alors une surface levante. Affectivement c’est le besoin que l’autre soit d’accord, soutienne (comme un parent fier, encourageant). Dans la poussée il y a résistance ET accueil du besoin de se différencier. 
  • Aller vers : mouvement spontané, activé dans tous nos sens, qui nécessite des stimuli : attraction pour des sons, formes, odeurs… Un parent hypotonique (dépressif par ex.), stoppe l’aller vers.
  • Saisir, attraper : plus il y a corps saisir et osersécurité, plus l’enfant attrape. Il y a dans ce mouvement « le monde m’appartient ». Et cela conforte le sentiment de puissance. 
  • Tirer à soi : ce mouvement arrive très vite après l’attraper, on naît même avec (c’est la tétée),  la séduction en est un autre exemple. Il donne encore un sentiment de puissance (on peut amener le monde à soi !)
  • Laisser partir : quand l’enfant a eu assez, il laisse et passe à autre chose. C’est le mouvement de séparation… naturel quand l’expérience a été suffisamment nourrissante, et complète.