La relation dialogale, fondement de toute thérapie.

"Toute vie véritable est rencontre" du monde

 

Martin Buber (1878 – 1965) est un philosophe de la relation.  

Dans « Je et Tu », paru en 1923, il dénonce la chosification du monde et donc des êtres humains.  

Pour lui, et pour la Gestalt-thérapeute que je suis, la relation est première.

 Elle permet à chacun d’émerger à lui-même.

relation dialogale Buber

La relation dialogale comme un va et vient de "Je-Tu" et "Je-Cela"

« Je » est un sujet conscient et défini par son rapport au monde : « c’est par l’autre que le Je se découvre comme un sujet conscient, non réifié ».  En d’autres termes,  le « Je » ne peut exister sans être relié au monde. Isolé, arbitrairement, du monde il devient un objet.

Et l’homme peut rencontrer le monde de 2 manières : comme un Tu ou comme un Cela. Ces 2 modes sont complémentaires et nécessaires.  Rester uniquement dans le Je-Tu serait se couper de notre incarnation. Quant au Je-Cela, il nourrit aussi notre être-au-monde, et est à préserver. La relation dialogale est un va et vient permanent entre je-cela et je-tu.

La relation dialogale en Gestalt thérapie

Dialogue et relation :

C’est la relation qui prend soin en permettant à deux sujets de se vivre en authenticité. Je et Tu sont les 2 pôles nécessaires pour que les 2 sujets existent.

Le « dialogue » c’est la réponse de l’être total à l’altérité de l’autre. C’est une relation où on attache de l’importance à l’unicité de chacun. Un des buts de la thérapie est que le client puisse être dans cette relation dialogale, dans cette rencontre dans l’intimité. 

Le dialogue nécessite alors d’être présent à soi pour pouvoir être présent à l’autre. Le Gestalt-thérapeute offre sa présence, sans intentionnalité. C’est une présence impliquée et se laissant colorer et agir par le patient, dans une relation réciproque.

relation dialogale et Gestalt thérapie

Un va et vient :

JE CELA analyse le matériel émergent, il est aussi présent en thérapie. Et le plus important est que le JE TU rend ce matériel disponible au patient. La relation dialogale en thérapie est un va et vient entre je-cela et je-tu.

Le vécu de la nouveauté dans la relation thérapeutique est le support du changement de la relation au monde. 

Le moment présent est l’instant de tous les possibles grâce à la présence et l’authenticité du thérapeute, invitant celle du patient. 

La relation dialogale est aussi soutenue par l’acceptation inconditionnelle du vécu du patient et de celui du thérapeute.

« Tu as le droit d’être qui tu es ». Le thérapeute-Je accueille l’autre-Tu dans sa capacité à être ce qu’il est appelé à devenir, dans toutes ses potentialités. la Gestalt thérapie inclut toujours l’avenir au présent (et au passé).

Martin Buber présente la relation dialogale

Je-Tu et Je-Cela

JE-TU : « Je » est une personne, en relation avec un «Tu », tourné vers autrui. 

C’est la présence totale à la totalité de l’autre. Elle permet de ressentir l’altérité de l’autre, son authenticité. Un moment de grâce car non voulu (pas d’intentionnalité). Dans cette relation la seule chose sure est qu’on va vers l’inconnu, la découverte réciproque. 

Le monde ici est bien l’ensemble des phénomènes qui nous rendent présents : d’autres hommes, la nature, nous-mêmes et la communion avec le monde spirituel. C’est un monde sensible, perceptible. 

relation dialogale je tu
relation dialogale je cela

JE-CELA : « Je » est un individu qui contemple le monde avec l’intention de l’objectiver, de le réifier. 

Pôle de la séparation. Relation où il y a un but, une visée, une stratégie ou une intention. L’autre est un peu comme un objet. On en a besoin : on se penche sur l’autre, le « problème ». L’être n’y est pas pris dans sa totalité, c’est le domaine de la connaissance empirique, le monde est expérimenté comme objet de connaissance : quand on analyse, ou quand on isole une facette…

Le monde n’est pas déjà monde mais une chose, sans valeur en lui-même. La nature des liens qui unissent l’homme au monde est de l’ordre de l’expérience et de l’utilisation. Tout ce qui est intégré à la connaissance l’est en qualité d’un Cela, c’est-à-dire en tant qu’objet décrit, décomposé, observé. Cela met bien en évidence l’aspect utilitaire de ce que l’on enferme dans le monde du Cela.