Les troubles de la conduite alimentaire,

le point de vue Gestaltiste : un trouble du désir de contact

En Gestalt, nos conduites répétitives sont un signe d’une impossibilité de s’ajuster différemment à notre environnement.  Ce sont des conduites, devenues automatiques, qui prennent alors le dessus. C’est le cas des conduites alimentaires.

 

Quand il y a eu, au cours de notre développement, une incapacité ressentie à se nourrir de l’autre, du lien à l’autre, tout en restant autonome (en se respectant soi-même),

les TCA (anorexie, boulimie, hyperphagie) sont parfois le seul ajustement trouvé à la situation vécue.

le désir de lien
TCA contact impossible

La nourriture et le corps deviennent un langage pour crier au monde un désir de contact en tant que personne individuée.

Le désir de contacter la nourriture se substitue au désir de contact car il y a impossibilité de réguler ce contact à autrui ; réguler en intensité, densité et volume.

Nourriture et amour se confondent.

La nourriture devient l’élément fondamental de l’ajustement à l’environnement.

Différenciation des troubles de la conduite alimentaire

A l’origine des TCA, il y a donc un environnement vécu :

Soit comme invasif, excessif ou décevant

Soit comme incohérent, imprévisible

Soit encore comme refusant la possibilité de s’affirmer

L’environnement invasif – l’anorexie

La décision est alors : « je ne te laisserai pas entrer en moi pour me nourrir »

l’environnement est invasif, le Self n’est pas légitimé, les limites soi/l’autre ne sont jamais claires.

IL s’agit donc de maintenir l’autre à l’extérieur de soi, pour ne pas risquer de s’y perdre. La nourriture symbolise cette nécessité aussi par le contrôle que la personne peut y exercer, condition à la survie du Self.

Le contrôle signe le renoncement à la possibilité de désirer l’autre et d’en retirer une nourriture gratifiante.

L’environnement incohérent – la boulimie

la décision est alors : « je te jette en dehors de moi pour essayer de te reprendre comme je le voudrais »

L’environnement est hautement incohérent, instable et excessif, et il n’y a pas de possibilité de renoncer à la possibilité d’être en lien. c’est alors une tentative de choisir ses nourritures. Or cette possibilité ne peut passer que par tout prendre (pour trier) puis tout rejeter (car le tri s’avère impossible).

Ici le contrôle est une tentative de contrôler le contact auquel on ne peut renoncer. Le maintien du contact est projeté dans un appétit surexcité.

Le refus de l’affirmation par l’environnement – l’hyperphagie

La décision est : « maintenant c’est mon tour, je ne m’en empêcherai pas, je mangerai autant que je pourrai »

L’environnement réduit l’enfant à être mené par le besoin de l’autre, il refuse son propre besoin de se réaliser.

A la place des « non » qui ne peuvent être dits, à la place de l’intimité à laquelle l’enfant n’a pas accès, la nourriture devient le seul moyen de pouvoir prendre quelque chose (de pouvoir se nourrir) de l’environnement.

D’après « Psychopathologie en Gestalt-thérapie »

sous la direction de Francesetti, Gecele, Roubal

Edition : l’Exprimerie.