Impact émotionnel et sensoriel de l'inceste
"Le tabou de l'inceste
n'est pas de le commettre
mais de le dire"
Dans ce court article je souhaite surtout vous partager un poadcast : « Ou peut-être une nuit » , qui est le fruit d’un travail de deux ans de la cofondatrice de Louie Media, Charlotte Pudlowski, enquête sur l’inceste et la structuration du silence.
Le silence
Le déni et le silence :
le ciment de ces familles où l’inceste a lieu est le secret, le non-dit. L’équilibre familial repose sur le silence. Ce système renforce la puissance du déni. Le déni se met en place, sans la moindre volonté de la victime, aussi car elle est confrontée à un événement ingérable par le cerveau, qui alors génère un mécanisme de défense puissant.
Ce qui est ingérable est lié à la confusion,
installée par l’abuseur et par la situation familiale (injonctions paradoxales des parents, interdits flous avec des enjeux inadaptés de pouvoir de l’adulte sur l’enfant et un mélange générationnel…). La confusion est accentuée par le fait qu’au lieu de câlin, d’amour, de tendresse, l’enfant « reçoit du sexe », à un âge où il est incapable de l’accueillir. Il ne sait pas ce que c’est, il n’est biologiquement pas prêt à recevoir ce type de désir. C’est un véritable choc qui va entraîner une coupure du système sensoriel et du système émotionnel, seul procédé à disposition de notre système nerveux pour survivre au moins psychiquement à l’événement.
Ne pas ressentir a été l’ajustement créateur pour survivre.
Plus l’enfant est jeune (ou quand la victime est endormie) plus la sidération est grande, la dissociation rapide.
Le trauma est massif, la mémoire inaccessible.
L’amygdale (qui sent le danger) s’active dès le 3ème mois de grossesse.
La culpabilité
La culpabilité est souvent ressentie, car si la victime pense avoir laissé faire, et n’avoir rien dit culpabilise encore.
Elle ne peut intégrer qu’il y a eu abus de pouvoir. De plus la victime a pu ressentir du plaisir : dès le plus jeune âge le plaisir est possible dès que les zones érogènes sont stimulées. alors il y a automatique du plaisir. mais il n’y a pas de désir.
Il m’est important de dire et redire que la culpabilité est toujours du côté de l’agresseur.
L’enfant maintient le secret en idéalisant ses parents :
c’est lui qui est mauvais car reconnaître que ses parents sont défaillants ne permettrait plus aucun espoir.
Il en est de même pour la culpabilité.
La honte
La honte chapeaute tous les symptômes
L’éprouvé :
La honte est un éprouvé qui survient pour me signifier que ce qui se passe me coupe de l’humanité à laquelle j’appartiens. En d’autres termes, la honte surgit quand je sens une rupture de lien liée à ce que je suis.
C’est une émotion qui fige, paralyse, un anéantissement. Qui entraîne confusion et repli sur soi ainsi qu’une coupure relationnelle.
L’abuseur projette sur l’enfant sa propre honte (non assimilée) : l’enfant a honte d’avoir vécu l’abus, de s’être laissé berner (il peut penser avoir mérité), il y a aussi la honte d’avoir ressenti du plaisir, de l’excitation. Il peut se sentir responsable car il a cherché la tendresse, et pour cela il a séduit…
Le contexte et les conséquences de la parole :
Quand l’abus est intra-familial, l’enfant a honte s’il dit. Il rompt l’équilibre de la famille, il risque de provoquer des problèmes, et ne pas être cru. Il peut avoir honte de sa famille et encore honte d’avoir honte des personnes qu’il aime.
Le secret même est honteux :
car l’abus est honteux, la source de la honte est honteuse.
