S’apparaître à l’occasion d’un autre

Le cycle de contact en Gestalt thérapie

On nomme cycle de contact le processus qui se déroule entre un organisme et son environnement.

Définition « organisme » : cela se rapproche de l’individu, mais en Gestalt thérapie on insiste sur son aspect malléable, « individu » faisant référence un être plus défini, dont les limites avec l’environnement sont plutôt nettes. L’organisme a une capacité naturelle à faire varier ces limites entre soi et le monde.

Vide fertile

A l’origine de la façon dont nous entrons en contact avec l’environnement, il y a le non contact ou « vide fertile ». Quand il est sain c’est l’état de repos, la tranquillité d’être « chez soi », comme un état de fond sur lequel peut émerger un cycle. « C’est sur ce fond que progressivement émerge une figure menant à la manifestation du désir. »[2]

vivre gestalt

Emergence : pré-contact 

Le cycle de contact s’initie par des sensations, l’organisme se manifeste à travers un ressenti et une énergie qui va s’orienter vers une résolution. Mais à ce stade la « figure » (le besoin ou le désir) est encore flou, encore dans un fond peu identifié.

Identification du désir, de l’élan : l’énergétisation

Ces sensations se déploient et deviennent plus nettes : elles sont identifiées par l’organisme à partir de nos souvenirs, de ce qui fait qui nous sommes (notre identité issue des expériences passées – en Gestalt on l’appelle « fonction personnalité »). Elles prennent un sens, et l’énergie est plus importante pour aller vers la satisfaction de ce qui émerge (car il faut de l’énergie pour affronter l’environnement)

émergence en Gestalt

Ce projet va alors se tourner vers le monde (environnement) : le contact

Le désir est assumé et recherche les possibilités de s’assouvir. Ce temps de rencontre avec l’environnement est très important. Il entraîne la confrontation à l’autre, à de la nouveauté (de l’imprévu), au risque d’un « non »et d’un « oui »! Surtout il va offrir la possibilité à l’organisme de se développer grâce à la rencontre. Quand il n’y a pas de frein, comme l’anxiété, c’est donner la possibilité au Self d’être nourri, accueilli et modifié par l’autre.

Définition Self : la modalité d’être en contact à tout instant

Cette rencontre a lieu lors du plein-contact

Quand organisme et environnement se mêlent, deviennent indissociables : « période d’accomplissement durant laquelle l’énergie se décharge »[3]. La frontière est abolie.

C’est de cette rencontre que notre Self peut sortir modifié, enrichi, et poursuivre ainsi son développement (sur le modèle du développement de l’enfant, en tant qu’adultes nous pouvons poursuivre ce chemin).

développement cycle

Cette indifférenciation s’achève et il y a retour à l’organisme : l’assimilation et le retrait:

C’est la phase où on se dégage peu à peu du contact. Elle est importante car elle  permet d’assimiler l’expérience, de l’intégrer. « Je digère mon action et vais redevenir disponible pour une nouvelle forme. »[4]. C’est comme un retour à l’organisme, à notre identité qui se réajuste suite à l’expérience vécue.

Suite à l’assimilation le corps ressent calme et apaisement, nouveau vide fertile… nouveau cycle.

L’ensemble du cycle de contact souligne le mouvement permanent entre le différencié (côté organisme) et l’indifférencié (organisme-environnement mêlés). Il s’en dégage que la différenciation ne peut se nourrir qu’à partir de l’indifférenciation. 

C’est le sens du  « S’apparaître à l’occasion d’un autre » de Jean Marie Robine…

  • 1 ROBINE Jean Marie (2004), S’apparaître à l’occasion d’un autre, ed. l’Exprimerie
  • 2 SALATHE Noël (1995), Psychothérapie existentielle, une perspective gestaltiste, p 23
  • 3 SALATHE Noël (1995), Psychothérapie existentielle, une perspective gestaltiste, p 24
  • 4 MASQUELIER Gonzague (2008), La Gestalt aujourd’hui, Choisir sa vie, p 54 (2004)