Souvent lors de mes séances de thérapie, il existe une confusion entre honte et culpabilité. Tandis que la première relève de l’estime de soi dans notre légitimité à exister, la seconde est liée à la confiance en soi.

La culpabilité

Ce sentiment porte sur le comportement. Il se réfère à des thèmes tels que le remords (souvent de ce que l’on a fait), la faute, et aussi le regret (souvent de ce que l’on n’a pas fait). Elle est aussi liée à une transgression morale.

culpabilité

 

C’est donc, pour moi, un sentiment construit. Par rapport aux interdits, aux règles à respecter, aux injonctions (synonyme d’ordres) que l’on a entendues ou cru entendre et qui ont été exprimées par nos figures d’attachement, nos proches. Cette construction commence à s’élaborer au moins quand on acquiert la parole et la compréhension cognitive de notre environnement.

 

J’ai souvent observé que la culpabilité, en fait, masque d’autres émotions qui sont bien plus utiles pour comprendre nos besoins inassouvis ou réprimés. C’est pourquoi je ne parle pas de culpabilité en termes d’émotions, mais de sentiment. En fait ce sentiment de culpabilité, tout en étant bien réel,  empêche de toucher notre vulnérabilité (nos émotions). D’ailleurs la culpabilité peut être aussi présente chez les personnes qui ressentent la honte.

Enfin, sortir de la culpabilité, qui se réfère à la faute et à l’adaptation, c’est ouvrir la possibilité d’assumer sa responsabilité, qui se réfère à l’erreur et à l’ajustement.

L’erreur renvoie à la compétence qu’une personne ne maîtrise pas ou qu’elle n’a pas su mobiliser.  Il y a l’idée qu’on peut agir dessus.

La faute renvoie à un comportement, non accepté dans un certain contexte. Il y a  l’idée qu’on doit la sanctionner. 

En Gestalt-thérapie le concept d‘ajustement est fondamentalement lié à la capacité de l’être à exister dans son environnement. 

Tandis que l’adaptation souligne plutôt une soumission plus ou moins partielle de l’être à son environnement.

Honte et culpabilité

Tandis que la culpabilité concerne ce que l’on a fait (ou pas), la honte concerne une particularité de notre être, la légitimité de notre être.

Autre différence, la culpabilité peut être confiée, la honte est du domaine de l’indicible.

La honte

Je détaillerai cette émotion, dont l’affect est vraiment très douloureux, dans un prochain article. 

Ce que je veux souligner ici c’est que la honte n’existe qu’en présence d’un tiers qui a fait honte. Ce sentiment profond d’infériorité, de non-valeur parce qu’il questionne la légitimité même d’exister, d’ exister et désirer, s’éveille en l’être parce que, non seulement il n’a pas reçu cette acceptation de son être par un tiers, mais aussi parce qu’il a été humilié. 

honte isolement

La honte permet de se couper du lien – insupportable –  à celui qui fait honte et aussi de se couper de son propre ressenti – insupportable aussi. Ainsi ses symptômes, avec l’isolement, la coupure, l’exclusion et parfois même la disparition,  vont être une paralysie de l’action, de la pensée, de la sensibilité. 

J’ai déjà évoqué la honte dans mon article sur l’inceste, et comment la honte est projetée par l’agresseur, et change ainsi de camp.

Je peux aussi évoquer la honte qui s’insinue lors des séances de thérapie, perceptible dans cette gêne à se dévoiler, à dire son impuissance à résoudre seul ce qui se passe  et à demander de l’aide.