Les addictions sont apparues à un moment de notre vie avec un but. Celui de soulager notre douleur.

Cet article est issu d’un dialogue entre Gabor Maté et Richard Schwartz, respectivement fondateurs de la Compassionate Inquiry et du Système Familial Intérieur (site Quantum Way). 

Le présupposé de ces modèles (et d’autres théories) est que le monde (nos interactions avec le monde) crée notre esprit (notre vision du monde et de soi), ce dès l’utérus (voire avant…). Puis avec cet esprit nous créons le monde dans lequel nous vivons.

  Tout comportement automatisé, addiction, ou encore maladie, est apparu à un moment de notre vie avec un but, dans ce cadre de notre vision du monde et de soi.
Les addictions se sont mises en place pour soulager notre douleur.

Self et compassion. Une introduction.

Le Self est la figure bénéfique d’attachement intérieur. Il surgit quand on donne de l’espace aux parties, c’est-à-dire quand on les reconnaît, les comprend, qu’on les accepte en s’apportant de l’auto-compassion. La compassion est une des compétences du Self.

Les 5 aspects de la compassion :

  • Compassion humaine courante, qui fait qu’un être souffre quand un autre souffre
  • Compassion de la compréhension, quand on est attentif à comprendre le but de la souffrance (non pas d’où elle vient, mais ce qu’elle vise) 
  • Compassion de la reconnaissance, quand on peut reconnaître en soi ce que l’autre ressent, et reconnaître les mêmes dynamiques en soi
  • Compassion de la vérité quand on ne distrait pas la personne de sa douleur, qu’on laisse apparaître la vérité et qu’on peut rester là avec la personne authentique
  • Compassion de la possibilité quand on peut voir en l’autre la personne réelle et être le miroir de ses qualités essentielle.

 

L’auto-compassion s’appuie sur ces 5 aspects, particulièrement la compréhension de ce que la souffrance veut nous faire découvrir,

la vérité qui permet de ne pas trop vite, trop tôt, apaiser la douleur et ouvre à compassion de la possibilité,

la découverte de notre essence, pas faite uniquement de la souffrance mais aussi de nos qualités.

Les besoins développementaux et la mise en place d’automatismes de réponses situationnelles, d’addictions

On peut retenir 4 besoins fondamentaux pour notre développement :

  • D’attachement : être proche, pris en charge, se sentir en sécurité
  • De repos : l’enfant n’a pas à prendre en charge le travail relationnel, ce sont les parents qui y travaillent. Le repos est la condition pour développer son système nerveux
  • De pouvoir éprouver nos émotions : pouvoir être authentique dans le lien permet de vivre en sécurité
  • De jeu libre spontané : notamment jouer avec le « non », sans attente de résultat, juste pour relationner et voir…

 

Quand nos besoins ne sont pas nourris, nous nous éloignons d’eux et nous nous adaptons aux situations non nourrissantes,

c’est là que se créent nos comportements et sentiments automatiques.

 

Et nos addictions.

Addictions

Dans un premier temps, l’addiction est une réponse à une situation où on éprouve de la douleur. Le comportement mis en place vise à retrouver du plaisir, à soulager la douleur.

Pui l’addiction s’installe à long terme, elle devient une nuisance, avec l’incapacité d’arrêter, comme un besoin irrépressible.

C’est donc une tentative de résoudre un problème, une douleur. Il s’agit de reconnaître ce que l’addiction fait aussi pour nous (elle nous soulage). L’addiction n’est pas un défaut de caractère, ni une maladie héritée. C’est une réponse naturelle à une expérience vécue, réponse qui permet de supporter des situations insupportables. 

Premiers pas pour se détacher d’une addiction

 Il s’agit de gagner du temps en créant une distance avec la pulsion addictive.

Ré étiqueter, je n’ai pas besoin de (fumer, boire, manger…) « je suis simplement obsédé par ce besoin »

Ré attribuer, « mon cerveau m’envoie un faux message, un faux besoin hérité du passé. Ce besoin n’est pas réel aujourd’hui »

Re centrer, prévoir de faire autre chose, gagner du temps sur la pulsion. « je peux faire autre chose ». Ainsi le cerveau apprend qu’il n’a pas besoin de toujours obéir à l’addiction, du moins pas de suite

Re valoriser, on ré-évalue l’impact réel de l’addiction sur notre vie, avec auto-compassion (sans se juger). Dans cet espace où l’addiction est mise de côté, on peut en effet éviter une émotion souvent invitée très vite par l’addiction, la honte ; et un sentiment souvent invité aussi, la culpabilité.

Re créer, au lieu d’être contrôlé par nos addictions, on peut envisager une vie de liberté… Reprendre le pouvoir de dire non, reprendre du contrôle sur sa vie.

Conclusion

L’auto-compassion est un chemin pour accepter nos parties, même les parties addictives, et ainsi redonner de l’espace pour le Self est ses compétences (8C).

Le Self n’a pas été bloqué dans son développement, il est en effet inaltérable (il n’a pas besoin de se développer), à l’origine même de notre vie. Il est. Même si l’environnement n’a pas été suffisant, même s’il y a eu des traumas, il a « juste » été mis de côté. Ce qui est développemental c’est d’être avec le Self et les parties.

Reprendre contact avec le Self, c’est reprendre la pleine capacité de se développer dans l’ici et maintenant et dans le next que nous offre la vie.